Tech & Innovation Radar — Issue #83
Une fenêtre ouverte sur l’actualité des nouvelles technologies et de la recherche.
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bonne journée !
Cette semaine
- IA fun : un robot apprend à marcher tout seul … certes il ne danse pas le boogie woogie, mais il a appris par lui même, impressionnant !
- IA moins fun : les algorithmes toujours discriminatoires, bien que le sujet soit connu depuis toujours … ne serait ce pas plutôt le triste reflet d’une réalité humaine ?
- Crypto : vers un “crypto climate accord” ? une initiative à saluer portée par des acteurs privés pour rendre les crypto-monnaies plus “vertes” par l’utilisation accrue des énergies renouvelables.
- Bitcoin : son utilisation, sa gestion et sa reconnaissance actuelle sont-elles encore alignée avec la philosophie de Satoshi (son fondateur) ?
- Spécial confinement avec les enfants : électrons qui bougent non stop et mouvement perpétuel, paradoxal ? … Heisenberg nous sauve la vie
Artificial Intelligence
Forget Boston Dynamics. This robot taught itself to walk
Une paire de jambes de robot appelée Cassie a appris à marcher grâce à l’apprentissage par renforcement, une technique de formation qui permet d’enseigner à des IA des comportements complexes par essais et erreurs. C’est la première fois que l’apprentissage par renforcement est utilisé pour apprendre à un robot à deux jambes à marcher à partir de zéro, y compris la capacité de marcher en s’accroupissant et en portant une charge inattendue.
Mais peut-il faire du boogie ? Les attentes concernant les capacités des robots sont élevées suite aux vidéos virales diffusées par Boston Dynamics, qui montrent son robot humanoïde Atlas se tenant sur une jambe, sautant par-dessus des boîtes et dansant. Le contrôle qu’Atlas exerce sur ses mouvements est impressionnant, mais les séquences chorégraphiées impliquent probablement beaucoup d’ajustements manuels.
Cassie ne sait pas encore danser, mais en apprenant à ce robot de taille humaine à marcher tout seul, on le rapproche un peu plus de sa capacité à gérer un large éventail de terrains et à se rétablir lorsqu’il trébuche ou s’abîme.
Il serait dangereux d’entraîner un grand robot par essais et erreurs dans le monde réel. Pour contourner ces problèmes, l’équipe de Berkeley a utilisé deux niveaux d’environnement virtuel. Dans le premier, une version simulée de Cassie a appris à marcher en puisant dans une vaste base de données existante de mouvements de robots. Cette simulation a ensuite été transférée dans un second environnement virtuel appelé SimMechanics, qui reflète la physique du monde réel avec un haut degré de précision, mais au détriment de la vitesse d’exécution. Ce n’est qu’une fois que Cassie semblait marcher correctement que le modèle de marche appris était chargé dans le robot réel.
Le vrai Cassie était capable de marcher en utilisant le modèle appris en simulation sans aucun réglage supplémentaire. Elle a pu marcher sur des terrains accidentés et glissants, transporter des charges inattendues et se rétablir après avoir été poussée. Au cours des tests, Cassie a également endommagé deux moteurs dans sa jambe droite, mais elle a pu ajuster ses mouvements pour compenser
Facebook’s ad algorithms are still illegally discriminating against women — www.technologyreview.com
Les algorithmes publicitaires de Facebook excluent toujours les femmes des postes à pourvoir
Selon le dernier audit de son service publicitaire, réalisé par des chercheurs indépendants de l’université de Californie du Sud, Facebook empêche toujours les femmes de voir certaines offres d’emploi. Le système de diffusion des annonces de Facebook présente des offres d’emploi différentes pour les femmes et les hommes, même si les emplois requièrent les mêmes qualifications. Cette pratique est considérée comme une discrimination fondée sur le sexe en vertu de la loi américaine sur l’égalité des chances en matière d’emploi.
Les chercheurs se sont inscrits comme annonceurs sur Facebook et ont acheté des paires d’annonces pour des emplois aux qualifications identiques. Ils ont publié des annonces pour deux postes de chauffeur-livreur : un pour Domino’s et un pour Instacart. Il y a actuellement plus d’hommes que de femmes qui conduisent pour Domino’s, et vice versa pour Instacart. La publicité de Domino’s a été montrée à plus d’hommes que de femmes, et celle d’Instacart à plus de femmes que d’hommes. Les chercheurs ont constaté le même schéma avec des annonces pour deux autres paires d’emplois.
Les résultats suggèrent que les algorithmes de Facebook détectent en quelque sorte la répartition démographique actuelle de ces emplois.
Blockchain & Crypto monnaies
Could a ‘Crypto Climate Accord’ erase cryptocurrencies’ carbon footprint? — www.theverge.com
Un “Crypto Climate Accord” récemment annoncé vise à effacer les conséquences écologiques des crypto-monnaies. Ce n’est pas une mince affaire si l’on considère les énormes quantités d’énergie que consomment les crypto-monnaies les plus populaires, le bitcoin et l’Ethereum. Les objectifs vagues énoncés dans le plan jusqu’à présent sont confrontés à des défis potentiellement insurmontables.
L’”accord” est dirigé par le secteur privé — et non par les gouvernements — et présente quelques objectifs préliminaires. Il vise à faire passer toutes les blockchains aux énergies renouvelables d’ici 2030 ou plus tôt. Il fixe un objectif de 2040 pour que l’industrie de la crypto-monnaie atteigne des émissions “nettes zéro”, ce qui impliquerait de réduire la pollution et de se tourner vers des stratégies qui pourraient être en mesure d’aspirer les émissions historiques de dioxyde de carbone de l’industrie dans l’atmosphère.
Enfin, et c’est peut-être le plus réaliste, l’objectif est de mettre au point une norme de comptabilisation en open source qui puisse être utilisée pour mesurer de manière cohérente les émissions générées par le secteur de la cryptomonnaie. Elle souhaite également développer un logiciel capable de vérifier la quantité d’énergie renouvelable utilisée par une blockchain.
S’ils étaient atteints, ces objectifs permettraient de résoudre un problème bien réel. À lui seul, le bitcoin a à peu près la même empreinte carbone annuelle que Hong Kong, tandis que les émissions annuelles de carbone d’Ethereum rivalisent avec celles de la Lituanie. Leur pollution climatique s’accroît alors même que les recherches des scientifiques préviennent que les émissions mondiales doivent être réduites de près de moitié au cours de cette décennie pour éviter les pires effets du changement climatique.
Malheureusement pour le Crypto Climate Accord, le bitcoin est le plus gros joueur dans le jeu, et il est susceptible de causer le plus de problèmes à l’accord en raison de la quantité d’énergie qu’il utilise. Le bitcoin est volontairement inefficace, ce qui est un problème que les énergies renouvelables ne peuvent pas résoudre. Il utilise un modèle appelé “preuve de travail” pour sécuriser ses registres. Les “mineurs” qui vérifient les transactions pour obtenir de nouvelles pièces le font en utilisant des machines énergivores pour résoudre des énigmes de plus en plus difficiles. (Ethereum utilise également la preuve de travail mais affirme depuis des années qu’il finira par passer à un autre modèle).
Ces machines continueront à se disputer l’énergie renouvelable avec des besoins sans doute plus essentiels, comme le maintien de l’électricité dans les foyers. Et si les crypto-monnaies augmentent la demande d’électricité au-delà des ressources renouvelables disponibles, les services publics pourraient se tourner vers les combustibles fossiles. C’est pourquoi l’assainissement des sources d’énergie et l’augmentation de l’efficacité énergétique sont les deux faces d’une même pièce lorsqu’il s’agit de lutter contre le changement climatique.
Bitcoin : l’intenable promesse d’une monnaie pour tous — theconversation.com
Le 13 mars dernier, le cours de bitcoin a battu un nouveau record en dépassant les 60 000 dollars, alors qu’il valait moins de 10 000 dollars il y a un an. La première cryptomonnaie au monde apparaît ainsi plus que jamais comme un instrument spéculatif qui répond essentiellement à une recherche d’enrichissement privé.
Lancée en 2009, au lendemain de la crise financière, la cryptomonnaie semble également s’être éloignée de sa promesse d’origine : celle de rendre le pouvoir aux utilisateurs en confiant sa gestion à une technologie plutôt qu’à une autorité centrale (Banque centrale, État, entreprise, etc.).
L’usage d’un logiciel libre pour produire le bitcoin n’en a pas fait un bien « commun ». Un commun se distingue d’un bien public par le fait que sa propriété est collective (ce qui le distingue d’un bien privé) et que son usage et les modalités de sa gestion impliquent la reconnaissance et la participation de parties prenantes.
Autrement dit, il s’agit de la gestion collective d’une ressource partagée. Au-delà de la flambée spéculative de ses cours ces derniers mois, plusieurs arguments montrent que le bitcoin n’a rien d’un commun.
- Une logique déflationniste
- Une monnaie de placement
- Une cryptomonnaie très polluante
- Des bitcoins concentrés entre quelques mains
Science
Alice, 11 ans : « Si le mouvement perpétuel n’existe pas, comment les atomes peuvent-ils bouger en permanence ? » — theconversation.com
En montagne, dévaler une pente et remonter la suivante sans effort, c’est un jeu pour un skieur ou un cycliste. Mais le jeu se termine car des frottements (ceux de la neige ou de la route) freinent le déplacement.
Seul le monde astronomique paraît suivre un mouvement immuable, comme la Terre qui tourne autour du Soleil avec une régularité remarquable. Cette régularité est en fait légèrement altérée, notamment par le voisinage des autres planètes ou corps célestes.
L’idéal du mouvement perpétuel est plus terre-à-terre que la contemplation astronomique : avec du mouvement, on peut extraire du « travail ». Ainsi, le flux de la rivière actionne le moulin à eau, et la turbine produit l’électricité. Pour obtenir ce travail, il faut fournir de l’énergie. Ainsi, pour arriver en haut de la pente à vélo, il a fallu stocker de l’énergie. C’est cette énergie stockée, qui peut se convertir, de façon plus utile que les frottements, quand on prend de la vitesse, en gagnant de l’énergie cinétique au fur et à mesure de la descente.
L’élément essentiel, c’est qu’il y a eu conversion d’une forme d’énergie en une autre forme, mais il n’y a pas eu création de travail ou d’énergie sans contrepartie. Cette loi fondamentale de conservation de l’énergie ruine l’espoir de fabriquer une machine à mouvement perpétuel.
À l’échelle microscopique, on sait que le monde est constitué d’atomes, populairement décrits un peu facilement comme un modèle planétaire, avec un cortège d’électrons qui tournent autour d’un noyau. Cependant, électrons et noyau étant chargés, le mouvement classique de ces particules imposerait, une déperdition d’énergie par rayonnement (c’est un peu comme une antenne de radio ou de téléphonie, qui rayonne de l’énergie). Ceci a obligé à inventer la « mécanique quantique », où l’électron (ou les autres particules) n’est pas caractérisé par une localisation et une vitesse connue. En étant à la fois ici et ailleurs, la particule quantique bouge, sans que ceci ne soit vraiment un mouvement, qui coûte de l’énergie.
Ainsi, tout bouge à l’échelle microscopique, mais sans perte d’énergie. Même pour des objets moins petits, et même pour une pierre qui serait parfaitement isolée, il peut exister une fluctuation globale de position, outre la bougeotte interne des atomes individuels. C’est une fluctuation infime, mais dont les effets peuvent être détectables. Il s’agit d’abord de fluctuations thermiques parce que l’objet, même isolé, est encore à la température environnante. Si on abaisse la température jusqu’au zéro absolu (le gel complet de tout mouvement), il subsiste des fluctuations quantiques, que les chercheurs savent même détecter. On attribue une énergie à ces fluctuations du vide quantique (ce vide se révèle plein de fluctuations). Cependant, extraire ou utiliser cette énergie est probablement aussi impossible que le mouvement perpétuel.